Tram : terminus Gare centrale

Photo: Luxtram

Le tronçon du tramway reliant la place de l’Etoile à la Gare centrale sera terminé dans les temps. L’inauguration est fixée au 13 décembre 2020. Retour sur un parcours sans anicroche ou presque.

« Des problèmes, il y en a toujours sur un chantier » note Helge DORSTEWITZ, directeur Nouvelles lignes chez Luxtram SA. Ils font partie intégrante du quotidien de l’ingénieur. « Mais le défi majeur c’est de travailler avec tous les intervenants », rappelle-t-il. Et il y en a sur ce chantier gigantesque qui traverse le cœur de la Ville de Luxembourg alors que, en interne, on s’occupe en même temps de la formation des nouveaux chauffeurs et des équipes de maintenance qui devront être à pied d’œuvre dès le 13 décembre.

Que de chemin parcouru en trois ans, jour pour jour ou presque puisque le premier tronçon du tram reliant Luxexpo au Pont rouge/funiculaire Pfaffenthal-Kirchberg fut inauguré le 10 décembre 2017. Huit mois plus tard, trois nouvelles stations étaient inaugurées. Le 27 juillet 2018, le tram posait officiellement ses roues place de l’Etoile. Le chantier du troisième tronçon pénètre alors au cœur de la Ville. De la place de l’Etoile, il emprunte l’avenue Emile Reuter, rejoint le boulevard Royal, traverse le pont Adolphe, poursuit sa route le long de l’avenue de la Liberté pour, finalement, s’arrêter avenue de la Gare au pied du parvis de la gare centrale.

Les travaux de cette troisième phase ont débuté le 29 octobre 2018 avec, entre autres, la déviation des réseaux souterrains et l’enlèvement ou la transplantation des arbres. Le déplacement de ceux de la prestigieuse avenue de la Liberté avait d’ailleurs largement occupé les médias. Une histoire aujourd’hui passée aux oubliettes, 69 platanes de 20 ans d’âge ayant été replantés depuis le mois de janvier.

Si la controverse et les problèmes techniques inhérents à tout chantier sont inévitables pour un projet de cette envergure, le principal défi relevé reste « la coordination de tous les intervenants » rappelle Helge DORSTEWITZ. En effet, il a fallu assurer la continuité de la circulation des autobus AVL et RGTR, des automobilistes et autres usagers de la route ainsi que l’accessibilité de tous les magasins et immeubles. Ce qui n’est pas une mince affaire quand il s’agit aussi d’effectuer le raccordement de l’ensemble des réseaux.

Et encore, il ne s’agit que d’une partie de l’iceberg puisque les travaux du tram ont dû prendre en considération les grands chantiers qu’ils ont longés, à savoir le Royal Hamilius, et à la gare, les bâtiments de la sécurité sociale, de la Poste, de l’hôtel Alfa ou encore le projet The Arc (commerces, résidentiel et bureaux) du 80 avenue de la Liberté.

Cerise sur le gâteau, Luxembourg étant une ville historique, non seulement l’Unesco a dû donner son approbation pour le passage du tram à proximité du secteur classé au patrimoine mondial, mais le Service des sites et monuments nationaux est intervenu pour mener des fouilles en collaboration avec les Frënn vun des Festungsgeschicht Lëtzebuerg asbl et protéger les diverses galeries ou casemates mises au jour par les travaux.

« L’ingénieur doit toujours se poser la question de savoir qui fait quoi et quand. Ça a l’air simple, mais ce n’est pas toujours évident » fait valoir Helge DORSTEWITZ. Et c’était sans compter sur la Covid qui a arrêté le chantier le temps du confinement puis, l’a ralenti. « Ce n’était pas top, mais maintenant, nous avons pris l’habitude de travailler avec les mesures sanitaires qui s’imposent. »

Si la maîtrise d’ouvrage du chantier revient à Luxtram – sauf pour le Pont Adolphe qui est du ressort des Ponts et Chaussées -, l’exploitation du réseau lui revient également. Pour ce tronçon, « les essais des équipements techniques, câblages, et des signalisations ferroviaire et routière ont commencé fin août » fait remarquer Carlo HENTZEN, directeur Exploitation. La nuit du 5 octobre 2020 reste, pour lui et l’ensemble des équipes de Luxtram, « une date symbolique », car elle correspond à la première sortie du tram sur ce tronçon. Elle a notamment permis de vérifier si, par exemple, les quais permettent au tram de passer sans encombre.

Ce tronçon a, de plus, une particularité technique. En effet, pour le passage dans le centre de la Ville, les lignes aériennes d’alimentation électrique des rames aériennes ont été abandonnées au profit d’un troisième rail qui, en station, permet à la rame de se recharger. « A l’arrêt, en station, nous avons de 50 à 80 % de charge à combler » explique Erwan ROHOU, directeur Maintenance. Cette ligne de contact en courant continu permet d’alimenter les moteurs via des « batteries d’accumulateurs de 750 volts, le courant d’appel variant de 600 à 1.200 ampères en fonction du niveau de charge demandé ». L’appel de courant est important puisque le tram ne s’arrête que de 30 à 45 secondes à chaque station. « La capacité d’une rame permet d’éviter un point de chargement, précise Erwan ROHOU. Cela nous permet de prévenir un problème d’alimentation dans une seule station sans que les voyageurs ne s’en aperçoivent. »

C’est également au cours de ces essais que les nouveaux chauffeurs sont formés. Deux groupes de huit suivent actuellement une formation. Un troisième composé de douze personnes viendra en complément. Au total, Luxtram disposera de soixante-dix chauffeurs. Si la fréquence de cinq minutes du passage des rames est maintenue telle qu’elle est actuellement prévue. Si le nombre de passagers augmente, elle passera à quatre minutes. « Ce qui nécessitera la formation d’un groupe de huit chauffeurs supplémentaires et le passage à dix-sept rames en rotation par jour au lieu des quatorze prévues », explique Carlo HENTZEN.

Au niveau de la maintenance, trois équipes sont en place, deux pour le matériel et une pour les infrastructures et les bâtiments, soit 30 personnes. Un nombre qui sera étoffé avec les circulations supplémentaires.

A terme, le parc de rames sera de trente-trois rames et de vingt-sept à la fin de cette année. En effet, l’arrivée du tram à la gare centrale n’est qu’une étape. L’aménagement du pont Buchler est d’ores et déjà en cours. La pose des rails est prévue pour la fin 2021. A noter que pour ce prochain tronçon, la maîtrise d’ouvrage des gros travaux d’infrastructures revient maintenant aux Ponts et chaussées, Luxtram s’occupant de l’infrastructure propre au tram (rails, quais, etc.). Ce quatrième tronçon empruntera donc le Pont Buchler puis, se dirigera vers Howald le long de la nouvelle Nationale 3 qui se situera entre les rails de chemin de fer et l’arrière des garages automobiles de la route de Thionville. Il arrivera rue d’Orchimont en septembre 2022 afin de desservir le Lycée technique de Bonnevoie. Il sera alors temps de compléter ces aménagements en direction, d’une part, de la Cloche d’Or, et, d’autre part, de l’aéroport du Findel.

Nouveau tronçon, nouvelles règles de circulation :